Coupure de la ligne : un choc écologique et économique
Mardi 14 Novembre 2023
La coupure pendant plus d'un an d’un point de passage ferroviaire aussi stratégique entre la France et l’Italie aura sans aucun doute des conséquences très lourdes. Sur le plan économique d’abord. Malgré un lent déclin lié à son inadaptation aux standards modernes du transport international, la ligne historique datant du XIXème siècle voit circuler bon an mal an 2,7 millions de tonnes de marchandises.
Face aux difficultés à trouver des solutions alternatives efficaces, il est possible qu’une part des flux commerciaux se tarissent, avec des conséquences négatives en termes d’exportation et d’emplois. Concernant plus spécifiquement les entreprises ferroviaires opérant sur cet axe, les pertes se chiffrent déjà en millions d'euros.
Un report durable des flux vers des transports carbonés
Sur le plan écologique, le mot désastre n’est pas trop fort. Comme on peut déjà le constater, des flux massifs vont mécaniquement se tourner durablement vers des modes de transport carbonés. Pour le million de voyageurs internationaux qui empruntent la ligne chaque année, à raison de 5 A/R par jour, les temps de trajets sur l’axe Paris-Lyon-Turin-Milan n’étaient déjà pas fameux.
Avec deux ou trois heures supplémentaires et autant de correspondances, les itinéraires ferroviaires alternatifs par la Suisse ou par Nice sont pour le moins rédhibitoires. Les reports vers l’avion pour les longues distances et vers la voiture pour les moyennes distances devraient donc être conséquents.
"Cela fait trente ans que nous attendons le Lyon-Turin"
Quant aux marchandises, elles viendront logiquement allonger les couloirs à camions qui transitent par les Alpes du nord. Avec la coupure de la ligne de Maurienne, c’est l’équivalent de 170.000 poids lourds par an qui va, pour l’essentiel, se retrouver sur les routes. "Les clients ont beau être fidèles, ils ont besoin de trouver d’autres moyens d’acheminer leurs marchandises" soupire Raphaël DOUTREBENTE, Président de l’alliance 4F qui fédère tous les grands acteurs du fret ferroviaire français.
Pour les opérateurs qui parviennent à trouver des itinéraires ferroviaires alternatifs, c’est Ubu sur rails : "Pour aller de l’Italie à l’Espagne, mes trains doivent désormais passer par la Suisse puis Paris avant de redescendre vers l’Espagne. C’est un détour hallucinant. Cela fait trente ans que nous attendons le Lyon-Turin" témoigne Livio AMBROGIO, Président de Ambrogio Intermodal, principal opérateur italien de fret ferroviaire entre la France et l’Italie.