ÉLECTIONS EUROPÉENNES : QUELS ENJEUX POUR LE LYON-TURIN ?

La campagne pour les élections européennes du 9 juin prochain est bel et bien lancée. En attendant de dévoiler la composition complète de leur liste, les leaders ont commencé à dérouler leurs thèmes de campagne. Il faut espérer que les transports ne restent pas à nouveau dans l’angle mort des programmes des candidats, alors même que les enjeux du secteur sont au cœur des objectifs de l’UE :  intégration de l’espace européen par le rapprochement des peuples et des territoires, lutte contre le réchauffement climatique, compétitivité des entreprises…   Le vote du budget, un rendez-vous capital En tant que colégislateur, avec le Conseil européen qui représente les exécutifs des états membres, le Parlement joue un rôle très important dans la production normative européenne. Il examine les propositions législatives de la Commission, propose des amendements, puis vote pour adopter, rejeter ou modifier les lois européennes. Lesquelles sont évidemment nombreuses dans le domaine des transports. L’argent étant le nerf de la guerre, le vote du budget sera un rendez-vous capital du prochain mandat. Sur l’exercice budgétaire en cours (2021-2027), environ 35 milliards d’euros sont consacrés aux transports. L’UE déploie des investissements massifs pour aider les Etats membres à investir dans des infrastructures performantes.   Des arbitrages douloureux A l’image du Lyon-Turin, la priorité est accordée aux grands projets transfrontaliers permettant de lever les goulets d’étranglement et de réaliser les sections manquantes sur les neuf corridors stratégiques qui maillent l’espace européen, en favorisant les mobilités décarbonées des voyageurs et des marchandises. La Commission de Bruxelles s’est d’ores et déjà attelée à la préparation du prochain budget pluriannuel pour la période 2028-2034. Dans un contexte budgétaire contraint et géopolitiquement instable, l’exercice s’annonce compliqué et nécessitera des arbitrages douloureux. Pour une augmentions des crédits dédiés aux transports Concernant les transports, bon nombre d’acteurs internationaux attendent une augmentation significative de l’enveloppe de crédits dédiés. Au regard des énormes besoins dans le secteur et des objectifs de décarbonation, le constat d’une insuffisance des crédits est largement partagé. Dans un récent rapport, l’Institut européen des politiques économiques et climatiques estime par exemple à 147 milliards d’euros les besoins de financement dans le système de transport, et notamment dans les infrastructures ferroviaires longue distance.  Un enjeu de taille pour le Lyon-Turin Pour booster le budget d’investissement, les eurodéputés devront donc faire entendre leur voix auprès de la Commission et surtout du Conseil européen. L’enjeu n’est pas mince pour le Lyon-Turin. Le prochain mandat sera en effet déterminant pour la mobilisation des milliards de cofinancements nécessaires à la poursuite du creusement du tunnel sous les Alpes mais aussi pour la réalisation de ses voies d’accès. Certes, l’Europe a fait depuis longtemps du Lyon-Turin une priorité et souhaite sa complétion la plus rapide possible. Mais la concurrence est de plus en plus rude entre les pays désireux de décrocher des financements pour leurs grands projets. Les eurodéputés français et italiens devront donc redoubler de vigilance et d’assertivité.