PRÉSIDENTIELLE / Le ferroviaire en attente de financements massifs
Lundi 14 Mars 2022
A moins d’un mois du premier tour du scrutin présidentiel, les candidats déroulent leur programme dans le tumulte du conflit en Ukraine. S’il n’est pas le plus médiatique, le thème des transports n’en est pas moins crucial au regard de ses gigantesques enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Ce jeudi 17 mars à Paris, les candidats et leurs représentants auront l’occasion de détailler leurs propositions lors du désormais traditionnel Grand Débat Transport organisé par le think tank de référence TDIE (dont est membre le Comité pour la Transalpine) en partenariat avec Mobilettre.
Des gains de parts de marché à conquérir
A n’en pas douter, les échanges seront particulièrement denses autour du transport ferroviaire. En France comme partout en Europe, le constat est unanime : champion de la transition écologique et de la sobriété énergétique, le rail doit impérativement gagner des parts de marché sur les autres modes de transport motorisés. Une ambition qui concerne autant les mobilités du quotidien que les déplacements longues distances, les deux n’étant pas concurrents mais bien souvent complémentaires.
Avec une part modale du ferroviaire d’environ 15% pour les voyageurs et de seulement 9% pour le fret, les marges de progression sont très importantes en France. Mais leur conquête exige des engagements politiques et des investissements massifs inscrits dans une temporalité moins éphémère que les promesses de campagne.
On le sait, le réseau français (28.000 km de lignes) est vieillissant. Il faut des moyens financiers considérables pour le maintenir en état. Et plus encore pour le moderniser et le développer avec de nouvelles liaisons structurantes fret et voyageurs aux standards européens, comme le Lyon-Turin. "Je soutiens ce projet car il est un accélérateur de la stratégie de la SNCF et de ses homologues européens" indiquait en octobre dernier le PDG de la SNCF, Jean-Pierre FARANDOU, lors de l’Assemblée générale de la Transalpine.
Le rapport bilan du COI attendu dans les prochains jours
Depuis plusieurs mois, les membres du Conseil d’Orientation des Infrastructures, présidé par David VALENCE, sillonnent la France pour recenser les petits et grands projets d’équipements portés par les territoires. L’heure n’est pas encore à leur hiérarchisation mais les besoins de financements associés à tous ces projets se comptent d’ores et déjà en dizaines de milliards d’euros.
Dans une version de travail du rapport qu’il doit remettre dans les prochains jours au gouvernement pour faire le bilan de la programmation des infrastructures inscrite dans la Loi d’Orientation des Mobilités de 2019, le COI confirme donc la nette insuffisance des investissements ferroviaires - pourtant en hausse ces dernières années - par rapport aux besoins. Le COI prévient surtout que ces besoins vont progressivement augmenter, avec un pic d’investissements prévu au milieu de la prochaine décennie. De quoi stimuler un vigoureux volontarisme politique mais aussi une bonne dose d’inventivité pour trouver de nouveaux mécanismes de financement.
A l’issue des scrutins présidentiel et législatif du printemps, le nouvel exécutif missionnera le COI pour plancher tout l’été sur la programmation des infrastructures de transport au cours du prochain quinquennat. On se souvient que le précédent rapport de 2018 proposait de repousser la section française du Lyon-Turin à un horizon lointain, sur la base d’une approche franco-française totalement déconnectée des enjeux internationaux du dossier et des engagements pris avec nos partenaires italiens et de l’UE.
Prendre les bons aiguillages
Cette proposition avait été vertement critiquée par les élus des territoires concernés et accueillie plus que fraichement par Bruxelles qui ne masque plus son impatience face aux lenteurs de ce chantier considéré comme prioritaire. Depuis, la Commission européenne a d’ailleurs ouvert l’éligibilité de la section française à un taux de cofinancement sans précédent de 50% mais aussi engagé une procédure d’acte d’exécution.
Alors que la section transfrontalière du Lyon-Turin est un "coup parti", que l’Italie a accéléré le rythme (lire ci-dessus) et que la DUP de la section française remonte à près de 10 ans, le dossier devrait logiquement prendre les bons aiguillages en profitant de la récente dynamique de relance des grands projets ferroviaires. Le 2 mars dernier étaient en effet publiées les ordonnances créant des sociétés de projet pour les futures lignes Provence-Côte-d’Azur (LNPCA), Bordeaux-Toulouse (GPSO) et Montpellier-Perpignan (LNMP).