Les Alpes menacées d'asphyxie
"Utilisateur convaincu du combiné rail-route depuis 1985, nous pourrions y recourir davantage avec un investissement plus intense dans la création de corridors de fret ferroviaire sur les grands axes Nord-sud et Ouest-Est avec la Transalpine, pour aboutir à une véritable intermodalité."
François BERTREAU
Président du Directoire du Groupe Norbert Dentressangle - Décembre 2009
En proposant de mettre en oeuvre le "rééquilibrage vital de la route vers le rail", la liaison Lyon-Turin offre une réponse à la saturation annoncée du réseau routier et au poids dominant du transport routier (80 % du fret français contre 20% au rail). Véritable alternative, la Transalpine démontre que combiner route et rail constitue une manière plus sûre d'envisager le développement à long terme du trafic fret à travers les Alpes. Et plus respectueuse de l'environnement alpin exceptionnellement fragile et menacé par la pollution.
Comme l'indiquait déjà en 2007, Jean-Louis Borloo, lors de la signature de la lettre conjointe avec son homologue italie, A Di. Pietro pour la demande de financement à l'Union européenne, cette liaison va permettre un transfert vers le rail des trop nombreux camions qui traversent les vallées alpines et traduit pleinement l'objectif d'un report modal plus respectueux de l'environnement ; elle correspond aux objectifs de la Convention alpine, elle est cruciale pour les Alpes, pour la réduction des émissions de CO2 nécessaire au sauvetage de la planète.
De façon plus globale, le quart sud-est de la France étouffe : certains axes routiers des vallées alpines mais aussi de Vintimille frôlent la saturation. Car si les trafics en provenance du nord de l’Europe ont baissé, les échanges franco-italiens ont progressé avec des trajets aux ¾ supérieurs à 600 km : 2,2 millions de poids lourds en 1994, 2,6 millions en 2015. Les infrastructures existantes –la ligne historique du Mont-Cenis datant de 1871 et l’Autoroute Ferroviaire Alpine- n’ont pas la capacité d’inverser fortement cette tendance. Seule la Transalpine Lyon-Turin représente une alternative compétitive permettant d’enclencher un report modal durable.
Le transport ferroviaire est de loin le mode de transport le moins néfaste à l’environnement qu’il s’agisse de transport de voyageurs ou de marchandises. Il répond mieux qu’un autre aux impératifs de protection du massif alpin. Ses répercussions sur l’environnement en matière de coûts externes (émissions de gaz à effet de serre, accidents, pollution de l’air, du sol, des eaux…) sont nettement moins élevées que celles de la route. Concernant le Lyon-Turin, le gain annuel est estimé à 500 millions d’euros.