Alain BONNAFOUS et Lionel CLEMENT, Economistes des transports
« L’irréversibilité du tunnel transfrontalier rend urgente la réalisation de ses voies d’accès »
Créée en 1794, "Les annales des mines" est l’une des plus anciennes revues scientifique et technique au monde, aujourd’hui éditée par le ministère de l’Economie. Dans sa dernière publication, deux économistes des transports, experts sur les problématiques des traversées alpines, consacrent un article charpenté au Lyon-Turin.
Alain BONNAFOUS, Professeur émérite de l’Université de Lyon (photo de gauche), et Lionel CLEMENT, Docteur en Economie et dirigeant du bureau d’étude Transae (photo de droite), recensent notamment les conditions de la réussite du Lyon-Turin. Certaines sont liées à des paramètres macro-économiques sur le long terme qui comportent leur part d'incertitude, comme pour tous les grands investissements stratégiques de ce type. Les auteurs notent que le "potentiel de croissance pour le rail est important" sur la future liaison. Laquelle devrait en outre certainement profiter d’un redéploiement des trafics de fret ferroviaire qui passent aujourd’hui par la Suisse sur des itinéraires de plus en plus sollicités.
Les auteurs insistent surtout sur une condition essentielle de réussite qui est devenue un cheval de bataille pour le Comité pour la Transalpine : le tunnel de 57,5 km sous les Alpes en cours de réalisation n’est que l’élément central d’un programme plus vaste conçu comme un tout cohérent. En amont et en aval de l’ouvrage transfrontalier doivent être aménagés quelque 200 km de voies permettant de connecter les grands corridors européens et de garantir l’écoulement optimal des trafics de fret.
Côté français, on sait que la programmation par l’Etat de ces voies d’accès depuis Lyon est à ce jour toujours incertaine, alors que le tunnel transfrontalier sera livré à l’horizon 2030. Un sujet de préoccupation grandissant chez nos voisins italiens et à Bruxelles. Car, comme le souligne les deux experts, "si les décisions récentes pérennisent le chantier du tunnel, elles en ouvrent un autre qui, lui aussi, a une certaine urgence, celui de la programmation de tout le reste", à savoir "la programmation d’un système d’exploitation sur l’ensemble de la ligne."