Clément BEAUNE, Ministre des Transports

« Dès le PLF 2023, nous aurons chaque année les financements prioritaires nécessaires pour que ce projet avance »
Le gouvernement a présenté en début de semaine le projet de loi de finances 2023 dont l’examen en commission débutera mardi 4 octobre à l’Assemblée. En augmentation de 1,5 Md€ par rapport à l’exercice en cours, le budget dédié aux Transports s’élève à 9,7 Mds€ et affiche notamment la priorité aux mobilités du quotidien et au ferroviaire. Mais si l’enveloppe globale est connue, sa répartition présente encore de nombreuses zones de flou. Il faudra en particulier attendre l’avis du Conseil d’Orientation des Infrastructures qui n’a pas encore reçu sa lettre de mission du gouvernement.
Pour des choix stratégiques de rupture dans le ferroviaire
Du côté des acteurs français du ferroviaire, les premières orientations budgétaires ont suscité quelques grimaces qui tranchaient avec les sourires des professionnels internationaux du secteur rassemblés il y a quelques jours à Berlin au salon InnoTrans. Ce rendez-vous international de référence a permis de mesurer la très forte dynamique du secteur ferroviaire en Europe. Défi climatique oblige, les plans d’investissements massifs se multiplient dans bon nombre de pays et les acteurs ne cachaient pas leur optimisme malgré une conjoncture économique internationale difficile.
Ambiance plus tiède en France. Les acteurs tricolores du secteur plaident à l’unisson pour des choix stratégiques de rupture permettant au pays de ne pas décrocher par rapport à ses voisins. Entretien du réseau vieillissant, développement des RER métropolitains, relance du fret ferroviaire, nouvelles liaisons structurantes, innovations technologiques… pour le PDG de la SNCF Jean-Pierre FARANDOU, « un effort de 100 Mds d’euros sur 10-15 ans serait nécessaire ». Si le nouveau ministre des Transports Clément BEAUNE semble sensible à tous ces appels, c’est à l’évidence moins le cas des fonctionnaires de Bercy où l’essentiel se décide bien souvent.
Une décision claire sur les accès français attendue avant la fin de l’année
S’agissant du Lyon-Turin, le plus grand chantier ferroviaire transfrontalier de France, le ministre a annoncé cet été à l’Assemblée nationale que « dès le PLF 2023, nous aurons chaque année les financements prioritaires nécessaires » pour que le chantier en cours du tunnel sous les Alpes avance. Concernant les indispensables voies d’accès françaises à l’ouvrage, Clément BEAUNE a rencontré à Lyon, le 14 septembre, les principales collectivités concernées. La plupart d’entre elles ont confirmé leur choix, exprimé dans le cadre du comité de pilotage présidé par le Préfet de région, en faveur d’un scénario de première phase donnant la priorité au fret ferroviaire via le massif de Chartreuse.
S’il n’est pas encore officiellement arbitré, c’est ce scénario voulu par une large majorité des collectivités qui est désormais privilégié par le gouvernement. Le Préfet de région a été mandaté pour faire le tour des collectivités dans les prochaines semaines afin de connaitre leurs possibilités de contribution financière, en complément de celle de l’UE (50%) et de l’Etat. Les cinq prochaines années seront consacrées à des études de finalisation et ne nécessiteront pas d’investissements lourds. Une décision finale de l’Etat est attendue avant la fin de l’année. Faute de quoi, la France et l’Italie risquent fort de rater un train de financements européens qui retardera (encore) le calendrier de réalisation du programme.