Clément BEAUNE, ministre des Transports
« Le Lyon-Turin est un projet prioritaire et il n’y a plus d’hésitation ». Il annonce un engagement de l’Etat de 3 Mdrs€ sur la section française.
C’est une impulsion politique qui était attendue depuis longtemps. Mardi 7 juin, le ministre des Transports Clément BEAUNE s’est exprimé dans la presse régionale sur le Lyon-Turin : « C’est un projet prioritaire et il n’y a plus d’hésitation. Tous les crédits nécessaires sont prévus dans les budgets 2023 et 2024 et au-delà pour faire avancer le tunnel qui est en cours de creusement ». Quant à la question urgente des accès français au tunnel transfrontalier, le ministre considère qu’elle est « très importante ». Il annonce d’ailleurs que l’Etat est prêt à y consacrer 3 milliards d’euros. C’est la première fois qu’un niveau d’engagement précis est évoqué par le gouvernement.
Après des années de quasi-surplace sur le volet de la section française du Lyon-Turin, pourtant déclarée d’utilité publique et urgente en 2013, il s’agit d’une avancée considérable. Avec cette déclaration, le ministre exprime une volonté claire et se démarque des propositions le Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI). Dans son rapport publié fin janvier, le COI faisait l’impasse sur les enjeux internationaux du programme en recommandant de repousser au-delà de 2045 la mise en service des indispensables voies d’accès françaises au tunnel sous les Alpes dont la mise en service est programmée en 2032.
3 milliards d’euros et le besoin de précisions
Depuis longtemps, le Comité pour la Transalpine documente avec précision les incohérences écologiques et économiques d’une telle option, tout en pointant ses risques juridiques et diplomatiques. Après la remise du rapport du COI, l’Italie et la Commission Européenne ont nettement haussé le ton pour que la France respecte ses engagements. Partout dans les territoires concernés par la liaison, les opérations de mobilisation transpartisane des parlementaires et des élus locaux se multiplient au fil des semaines (lire ci-dessous).
Dans ce contexte, la dynamique amorcée par le ministre est un réel tournant à saluer. Mais bon nombre d’incertitudes demeurent, notamment en ce qui concerne le calendrier des travaux et le périmètre des projets d’infrastructures pris en compte. Par ailleurs, Clément BEAUNE confirme la possibilité d’un cofinancement jusqu’à 50% du projet par l’Europe mais conditionne les 3 milliards d’euros que l’Etat est prêt à mettre sur la table à une contribution équivalente de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Rome et Bruxelles veulent avancer
La Transalpine préconise comme préalable à l’engagement des négociations financières que les études d’avant-projet détaillé (APD) soient lancées très vite afin de disposer d’éléments plus précis et d’être en mesure de retenir des phasages pertinents de réalisation. Au regard du niveau d’engagement financier tracé par l’Etat, la mobilisation des quelque 75 millions d’euros nécessaires à ces études APD relève presque de la formalité. D’une durée de quatre ou cinq ans, cette étape obligatoire est aussi capitale pour ne pas mettre en péril la déclaration d’utilité publique qui arrivera à échéance en 2028. Dans une logique d’efficacité maximale, la Transalpine plaide enfin pour la constitution d’une société publique de projet.
Côté italien, la déclaration de Clément BEAUNE a été accueillie avec satisfaction et prudence. « C’est un grand pas en avant. Mais notre gouvernement et l’Union Européenne attendent maintenant le calendrier des travaux. Rome et Bruxelles ne peuvent pas accepter le calendrier proposé par le COI » a réagi dans la Stampa Paolo FOIETTA, Président italien de la Commission Intergouvernementale pour le Lyon-Turin.