Eric FOURNIER, Maire de Chamonix Mont-Blanc et Président de la Communauté de Communes de la vallée
« Le trafic transalpin est en état d’urgence absolue »
Depuis la coupure des circulations en Savoie suite à l’éboulement survenu dimanche 27 août, c’est toujours le chaos dans les transports entre la France et l’Italie. Premiers pénalisés : les habitants des communes de haute Maurienne qui ne sont plus accessibles que par une longue déviation via la route départementale 215.
En attendant la réouverture de l’A43 qui pourrait intervenir d’ici une semaine, les quelque 2000 poids lourds et 3000 voitures qui empruntent chaque jour en moyenne le tunnel du Fréjus se reportent désormais en grande partie sur le tunnel du Mont-Blanc, provoquant des embouteillages monstres des deux côtés de l’ouvrage.
Les files de camions s’étirent sur des kilomètres et les temps d’attente oscillent entre deux et trois heures, de jour comme de nuit. Ironie du calendrier : le tunnel du Mont-Blanc devait fermer ce lundi jusqu’au 18 décembre pour d’importants travaux de rénovation. Les deux gouvernements ont décidé jeudi de décaler le planning.
Lyon-Milan en train : près de 9h de trajet via la Suisse
Même galère pendant au moins deux mois pour des milliers d’usagers du train (TGV de SNCF et Frecciarossa de Trenitalia) entre la France et l’Italie. A moins de reporter leur voyage, ils devront soit prendre leur voiture ou l’avion, soit s’armer de patience. Les temps de trajet en train entre Paris et Milan n’étaient déjà pas fameux (7h en moyenne), il faut rajouter au moins 1h30 et une à deux correspondances en faisant un détour par…Zurich. Au départ de Lyon, il n’y a plus de liaison directe vers Turin et le meilleur temps de trajet pour Milan en passant par Zurich frôle les 9h.
Quant au fret ferroviaire, c’est une véritable catastrophe pour les entreprises opérant habituellement entre la France et l’Italie via la ligne historique qui manquait déjà singulièrement d’attractivité. Les perspectives sont d’autant moins réjouissantes quand on connait les difficultés à reconquérir des clients qui sont retournés vers le mode routier. Le nombre de poids lourds transitant à la frontière franco-italienne (3 millions par an) devrait donc logiquement encore progresser.
« Il est absolument impératif de prendre les mesures d’investissements sur le report modal et sur le ferroviaire avec le Lyon-Turin »
« Le trafic transalpin est en état d’urgence absolue » a alerté cette semaine Eric FOURNIER, Maire de Chamonix Mont-Blanc et Président de la Communauté de Communes de la vallée. « Il est absolument impératif de prendre les mesures d’investissements sur le report modal et sur le ferroviaire avec le Lyon-Turin. C’est ce qu’on attend depuis des années ».
Même tonalité du côté de la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports : « La ligne qui est actuellement coupée est un ouvrage vieux de 150 ans, que les opposants au tunnel s’obstinent à présenter comme l’alternative au Lyon-Turin » rappelle la FNAUT dans un communiqué appelant à accélérer la réalisation de la liaison transalpine.
Avec le Lyon-Turin en service, les liaisons ferroviaires avec l’Italie n’auraient pas été affectées
Véritable cordon ombilical ferroviaire entre la France et l’Italie depuis le XIXè siècle, la ligne historique de Maurienne serpente des zones de montagne dont on vient à nouveau de mesurer les signes de fragilité. A ses fortes pentes, son obsolescence structurelle et son manque de capacités, s’ajoute une problématique de sécurité. De fait, si le Lyon-Turin avait déjà été en service,l’éboulement survenu dimanche dernier n’aurait pas affecté les circulations transfrontalières puisque le tunnel passera sous la montagne, à l’abri des risques naturels en surface.
Pour Jacques GOUNON, Président de la Transalpine, « cet épisode illustre les grandes problématiques du transport transalpin. D’un côté, le poids colossal du mode routier qui représente 92% des marchandises échangées. De l’autre, le manque de fiabilité et de performance d’une infrastructure ferroviaire datant de Napoléon III. Les professionnels du rail sont unanimes : le Lyon-Turin est la seule solution technique crédible pour rééquilibrer ce rapport.
« A terme, la vocation de la ligne historique, qu’il convient sans doute de mieux sécuriser par endroit, doit être orientée vers les dessertes TER locales. Mais il est évident qu’elle ne peut absolument pas représenter l’avenir du ferroviaire sur un axe européen stratégique entre la France et l’Italie. »