Hubert du Mesnil, Président de Tunnel Euralpin Lyon-Turin (TELT)

« Nous avons un intérêt évident à ce que le projet des voies d’accès soit correctement conduit »
Hubert du MESNIL, Président de TELT, le maître d’ouvrage public franco-italien en charge de la réalisation et de l’exploitation du futur tunnel sous les Alpes de la liaison Lyon-Turin, était auditionné le mercredi 10 février par la Commission Aménagement du Territoire et Développement durable du Sénat. L’occasion pour l’ancien PDG de Réseau Ferré de France (2007-2012) de faire le point sur les grands enjeux de l’infrastructure et sur l’avancement du chantier en cours.
4 Md€ de marchés attribués à partir du printemps
Au terme d’un long processus d’analyse des offres, c’est au printemps prochain que commencera l’attribution des marchés pour la phase principale du creusement des deux tubes du tunnel transfrontalier de 57,5 km. Les deux lots côté français et le lot côté italien, auxquels s’ajoutent deux marchés de valorisation des matériaux d’excavation, représentent un total d’environ 4 milliards d’euros. S’agissant du planning, l’objectif d’une livraison de l’ouvrage en 2030 est maintenu pour l’instant, même si Hubert du MESNIL reconnait un "calendrier tendu", notamment en raison de la crise sanitaire.
Au chapitre des financements, il a insisté sur le caractère stratégique du projet pour l’UE qui a d’ailleurs proposé d’augmenter sa contribution en la portant de 40% à 55% du coût de l’ouvrage. Le Président de TELT en a profité pour rappeler que l’essentiel de la participation italienne était sécurisé, tout en regrettant la moindre visibilité sur le long terme des contributions européenne et française.
"Il doit y avoir une coordination sur l’ensemble de l’itinéraire entre Lyon et Turin"
Comme on pouvait s’y attendre, la question de plus en plus épineuse des voies d’accès à l’ouvrage transfrontalier s’est invitée dans les échanges. En dépit des avancées enregistrées ces derniers mois, la programmation des indispensables accès côté français est toujours incertaine (lire ci-dessous), contrairement à l’Italie. "Il doit y avoir une coordination sur l’ensemble de l’itinéraire entre Lyon et Turin" a souligné le Président de TELT en écho aux inquiétudes formulées par plusieurs sénateurs. Une livraison tardive des accès au tunnel compromettrait en effet sérieusement les objectifs de report sur le rail du trafic de fret transalpin, vocation majeure du Lyon-Turin.
"Si le tunnel est fini et qu’on a pas fini les accès, on va avoir quelque chose qui n’a pas beaucoup de sens puisqu’on ne pourra pas utiliser les capacités et les caractéristiques très performantes du tunnel, a indiqué Hubert du MESNIL. Ceci ne relève pas de la compétence de TELT mais nous avons un intérêt évident à ce que le projet des voies d’accès soit correctement conduit." Une exigence régulièrement rappelée par la Commission européenne qui souhaite l’achèvement du Réseau Transeuropéen de Transport (RTE-T) à l’horizon 2030 pour atteindre les objectifs de neutralité carbone du Green Deal.
- Visionner l’intégralité de audition au Sénat en cliquant ici