Jean-Baptiste DJEBBARI, Ministre des Transports
« Les accès neufs sont essentiels et nécessaires »
Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2022, le ministre des Transports était récemment auditionné par la Commission Développement Durable à l’Assemblée nationale. L’occasion pour la députée Véronique RIOTTON (LREM) d’interpeller à nouveau Jean-Baptiste DJEBBARI sur le Lyon-Turin et "l’importance centrale de la mise en service des voies d’accès françaises dès 2030", date de livraison prévue du tunnel transfrontalier de 57,5 km en cours de percement. "C’est un sujet que je commence à bien connaitre grâce à votre mobilisation et celle de vos différents collègues" a sourit le ministre en faisant sans doute allusion aux appels de plus en plus insistants des parlementaires et des élus locaux en faveur de l’accélération de la section française, souhaitée également par l’Europe et l’Italie.
Une nécessaire mise en cohérence globale
"Je veux vous dire notre total engagement de livrer un ouvrage complet et réaffirmer que c’est une priorité politique pour la France" a indiqué le ministre. Lequel a toutefois confirmé que la première des priorités - inscrite dans la Loi d'Orientation des Mobilités - était d’abord de consacrer 700 M€ à la modernisation de la ligne historique Dijon-Modane en vue d’alimenter le tunnel transfrontalier à hauteur d’un quart de ses capacités fret lors de sa mise en service en 2030. Sauf que le projet côté italien table sur un volume deux fois supérieur (22 Mt/an) à celui envisagé par la France à la même date (10 Mt/an). Un sérieux différentiel qui laisse perplexe quant à la nécessaire mise en cohérence globale des différentes sections de la liaison.
Impatience sur le calendrier des travaux
Sans négliger l’utilité de la ligne Dijon-Modane, il suffit de jeter un oeil sur une carte pour constater qu’elle ne correspond pas au programme Lyon-Turin tel qu’il a été conçu avec nos partenaires qui s’impatientent sur le calendrier des travaux de la section française. Lors de son audition, le ministre a d’ailleurs reconnu que "les accès neufs sont tout à fait essentiels, nécessaires et complémentaires" et qu’il fallait avancer vite pour pouvoir bénéficier des cofinancements exceptionnels proposés par l’Europe. "Mais j’ai du mal à m’engager sur un calendrier, et notamment celui de 2030" a-t-il indiqué en évoquant les étapes encore à franchir.
Bouchées doubles
"Nous avons mis au débat plusieurs scénarios préférentiels pour le tracé" a rappelé J.B. DJEBBARI. Un débat engagé par l’Etat en 2019, après six ans de statu-quo sur un tracé pourtant déclaré "d’utilité publique et urgent"… en 2013 ! Des arbitrages sont bientôt attendus pour optimiser le phasage des travaux sur la partie savoyarde de la liaison. Mais rien n’empêche de mettre dès maintenant les bouchées doubles sur la partie consensuelle du tracé, soit une soixantaine de kilomètres de voies nouvelles entre Lyon et le sillon alpin qui sont stratégiques pour l'amélioration des mobilités ferroviaires dans les Alpes du nord.
Un investissement soutenable financièrement
Côté financements, le ministre a confirmé le lancement récent d’une mission ministérielle (CGEED et IGF) pour "viabiliser le modèle économique" du projet. Un volet sur lequel le Comité pour la Transalpine travaille depuis longtemps. En collaboration avec le cabinet international Sia Partners, la Transalpine a d'ailleurs publié l’année dernière une étude complète démontrant la soutenabilité de cet investissement pour l’Etat compte tenu des possibilités de cofinancements européens sans précédent (jusqu’à 50% pour la section française) et de la contribution des collectivités locales. Un investissement d’autant plus soutenable lorsqu'il est mis en miroir de ses retombées écologiques et économiques.