Paolo FOIETTA, Chef de la délégation italienne à la Commission intergouvernementale pour le Lyon-Turin
« Le gouvernement italien a pris les décisions nécessaires. Nous demandons respectueusement à la France de prendre rapidement les mêmes »
Avec cette nouvelle accélération sur le dossier Lyon-Turin, l’Italie creuse encore son écart sur la France Le projet de loi de finance 2023 signé la semaine dernière par le Président Sergio MATTARELLA fixe la programmation de 750 M€ pour la réalisation des 60 km de voies d’accès depuis Turin jusqu’au tunnel de base en cours de creusement. En détails, l’article 87 du texte prévoit « 50 M€ pour l’année 2024, 100 M€ pour 2025 et 150 M€ pour chaque année entre 2026 et 2029. »
Après l’aval imminent du Parlement, l’Italie pourra solliciter une somme équivalente auprès de Bruxelles dans le cadre du Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE). « C’est une avancée importante car l’Europe ne pourrait pas financer une infrastructure pour laquelle il n’y a pas de volonté certaine et certifiée sur le plan économique de la part de l’Italie » a souligné dans la presse Paolo FOIETTA. Acteur clé du Lyon-Turin de l’autre côté des Alpes, le chef de la délégation italienne à la Commission Intergouvernementale pour le Lyon-Turin lance une nouvelle œillade à la France.
Nouveau cap décisif
En franchissant ce nouveau cap décisif, l’Italie confirme son objectif clair de mettre en service sa section nationale concomitamment à celle du tunnel transfrontalier en 2032. Un calendrier logique sur lequel la France accuse chaque jour un peu plus de retard. « Le gouvernement italien a pris les décisions nécessaires. Nous demandons respectueusement à la France de prendre rapidement les mêmes décisions. Ces accès et les connexions au réseau européen sont essentiels” insistait déjà en octobre 2021 Paolo FOIETTA, lors de l’AG annuelle du Comité pour la Transalpine.
L’urgence d’un engagement français sur le calendrier de réalisation des voies d’accès entre Lyon et l’entrée du tunnel transfrontalier en Savoie ne soulève pas seulement la question de la réussite écologique et économique de la liaison. A plus court terme, il s’agit de ne pas passer à coté de milliards de cofinancements européens. Après des années de tergiversations, la Commission de Bruxelles a régulièrement indiqué ces derniers mois que, faute d’une décision rapide de la France, les deux pays risquaient de ne bénéficier d’aucun crédit européen affecté au Lyon-Turin sur la programmation 2021-2027.
« Ce rendez-vous ne peut être manqué »
« Nous sommes sur le même bateau et nous n’aimerions pas perde ces financements » s’inquiétait en juin dernier Paolo FOIETTA. De fait, l’Europe n’a pas accordé 41 M€ demandés cette année par l’Italie pour avancer sur ses voies d’accès… parce qu’il n’y avait toujours pas de décision sur la section française. « Dès que cette décision sera prise, il faudra renforcer la coordination (…) L’Europe sera là car ce rendez-vous ne peut être manqué » assurait récemment Herald RUIJTERS, Directeur des investissements Transports à la Commission européenne.
Il y a un mois, lors d’un premier échange téléphonique avec son homologue français Clément BEAUNE, le nouveau ministre italien des Transports Matteo SALVINI a courtoisement « réitéré qu’un effort commun sera nécessaire pour concrétiser le cofinancement européen promis ». Nul doute que le sujet sera au cœur des discussions de la prochaine réunion de la Commission Intergouvernementale pour le Lyon-Turin, programmée ce lundi 13 décembre