Historique
Véritable colonne vertébrale de l'Europe, les Alpes ont contribué à dessiner les contours d'une véritable identité alpine. Comment ce qui devait séparer ces hommes les a finalement réunis ? Gros plan sur un étrange paradoxe...
Mémoire d'éléphant
Il faut attendre le IVème siècle après J-C. pour que le grammairien Servius nous enseigne qu'alpes est un appelatif gaulois qui désignait toutes les " hautes montagnes ". Plus généralement, ce nom commun au destin fameux fera école et désignera tour à tour, la hauteur, le point élevé, le chalet d'alpage... Alp, Alpa, Alpè, Alpo, " ce mot indigène transmis de bouche en bouche depuis une lointaine antiquité " fera son chemin et exportera, dans le monde entier, les Alpes devenues"l'archétype dans les représentations occidentales modernes de la montagne ".
Car il s'agit bien de cela : des sommets élevés que l'homme, aussi loin que l'on remonte, habitera et bravera.
Si les premières traces d'occupation remontent au Paléolithique moyen (200 000 ans avant J-C.), 5 000 ans avant notre ère, les premiers bergers alpins inventent l'alpage et la Transhumance.
L'Europe avant l'Europe
Au Moyen-âge, l'appropriation de cet espace passe par le défrichage de la forêt qui va permettre aux pionniers des hautes vallées de coloniser les pentes. De part et d'autre des Alpes, cette conquête va donner naissance aux valeurs fortes de l'identité alpine : sens de la communauté, amour de la liberté, grande capacité d'adaptation, et, en dépit des clichés, une grande ouverture sur le monde. Colporteurs, travailleurs du bâtiment, artistes, la longue liste des métiers de l'émigration alpine illustrent bien cette qualité d'ouverture des " gens de l'alpe " qui sont, par nécessité, de grands voyageurs. Rudesse du climat et conditions de vie précaires, les communautés montagnardes ont de tout temps maintenu des relations avec la plaine, les villes et le monde. Et depuis l'âge de bronze ! Pendant des siècles, marchands, pèlerins, militaires, transhumants braveront pentes et à-pics pour passer les cols. Voies antiques, sentiers, routes, tous les chemins mènent aux Alpes et, pendant des siècles, voyageurs en diligence, moines en cohortes ou armées en ordre de bataille contribueront à dessiner l'histoire de l'Europe avant l'Europe.
Une frontière stratégique, un enjeu politique
Et les Alpes ne feront pas l'économie de ces grandes manoeuvres guerrières qui ponctueront les siècles. "De tous les chemins ou routes, ceux qui tendent à unir l'Italie sont les plus politiques..." déclarait Napoléon Bonaparte qui engagera de grands travaux pour faciliter la traversée des Alpes. Rivaux et même adversaires, alpins et transalpins se témoigneront toujours le respect de ces peuples qui partagent un même destin. Héritiers d'une tradition pastorale séculaire, montagnards dans l'âme, attachés à leurs villages et à leur vallée, ils partagent beaucoup plus qu'un même patrimoine, qu'une Histoire identique et qu'un destin commun. L'amour de ce lieu magique où la terre a rendez-vous avec le ciel.